Sorti en plein milieu de l'hivers, le Starboard GT Alu était attendu plus tôt dans la saison, mais a malheureusement subit un retard de production. Avec des retards enregistrés pour pratiquement toutes les marques, on voit bien que rendre disponible un produit industriel bien fini prend du temps. Comme souvent, c'est d'ailleurs souvent l'industrialisation qui prend plus de temps que le développement ... mais c'est la clé pour fournir un produit pérenne et de qualité.
A l'inverse de certaines autres grandes marques (comme Fanatic avec son Flow H9), Starboard a choisi de sortir dans un premier ses produits haut de gamme (version Carbone) avant de les décliner dans un produit économique que nous testons aujourd'hui.
Alors, certes, Starboard a choisi de ne pas suivre ses concurrents en proposant un produit loisir à moins de 900eur (comme Horue, NeilPryde, Fanatic), mais la marque au Tiki est la seule à proposer un produit réellement évolutif. Rappelons en effet que ce GT alu, à visée loisir, peut évoluer vers le GTS ... qui a trusté les podiums de PWA toute la saison ! Cet argument sera décisif pour ne nombreux pratiquants qui veulent pérenniser leur investissement. Et encore plus que l'évolutivité vers la perfromance, le concept Starboard permet aussi d'utiliser toutes les pièces et options Starboard sur toute la gamme. Le GT Alu peut donc être équipé des ailes de 1100 et de 550, du fuselage de 115 etc ... des combinaisons nombreuses pour pouvoir naviguer dans toutes les conditions avec un max de confort.
Ce concept Starboard, et la déclinaison Alu était donc attendue, mais tout te monde se languissait aussi de savoir comment le petit dernier se comportait sur l'eau
Conditions de test
Comme d'habitude, et pour pouvoir comparer ce qui est comparable, nous avons testé le Starboard GT Alu sur notre sport de La Ciotat, par petit vent d'Ouest.
Vent : Nord-Ouest 8 > 12 knt
Flotteur : RS:One Convertible (130L x 80 cm)
Voile : Loft Skyscape 7m Mat MauiSail 460
Poids du foil complet : 5130g
Pour ce test, j’ai monté le foil starboard sur la JP hydrofoil 135. Comme je connais très bien le comportement du GT carbone sur ce flotteur, l'occasion était très bonne pour mesurer l'influence du mat alu.
Pour le gréement, et comme pour tous les tests de foil freeride, j'ai sélectionné une voile très légère en 5 lattes : la Skyscape.
Montage
Le montage n’appelle pas de commentaires particulier, si ce n’est que j’ai dû ovaliser les trous du boitier de la JP car les deux axes de vis étaient décalés d’un bon 4mm.
A ce sujet, je précise que cette situation est malheureusement assez fréquente car on observe de nombreuses dérive sur l'alignement des perçages chez Cobra. La bonne idée du moment vient de Starboard justement, qui livre désormais tous ses flotteurs avec boitier tuttle percés de trous oblong et non plus ronds. Je ne comprends pas encore pourquoi toutes les marques ne s'y sont pas mises ...espérons donc que ça vienne !
Comme pour le Fanatic Flow H9, la platine conséquente du GT Alu se cale parfaitement contre la carène et assure une connexion qui donne confiance.
Décollage
La mise à l’eau est un jeu d’enfant avec un mat de 75cm … j’avoue que vu la température de l’eau à cette époque, moins on se mouille mieux on se porte ;)
Le décollage intervient assez vite, mais nécessite comme avec le Fanatic Flow H9 ou le NeilPryde, que la planche ai pris un peu de vitesse (planning). Contrairement au GT Carbone, l’effet de pumping sur le mat est très peu perceptible, et le décollage est donc un peu plus progressif avec cette version Alu. Non pas qu’il décolle plus tard, mais simplement moins brusquement. En terme de capacité dans le light, je dirai subjectivement que le GT Alu se situe entre le Horue H10 (qui décolle un poil plus tôt) et les H9, Zeeko et NeilPryde (qui sont un poil derrière).
Vitesse de décollage ou vent mini ?
Je profite de ce sujet pour évoquer un point important concernant les capacités de décollage dans le vent léger.
Les premiers balbutiements du foil (il y a 4 à 6 ans) se sont fait avec des modèles basé sur des grosses ailes épaisses et larges. L'objectif était de gérer une forte portance même avec peu de vitesse de flotteur.
L'évolution est permis d'aller vers des ailes plus fines et moins larges afin de favoriser la glisse et les sensations. En trainant moins d'eau, on a en effet constaté que l'on permettait au foil de prendre plus vite de la vitesse, et d'aller vers une meilleur stabilité longitudinale. Une aile moins volumineuse permet aussi d'éviter de sortir de l'eau à tout bout de champ. On a surtout remarqué que les grosses ailes ne permettaient pas de naviguer avec moins de vent.
En effet, les ailes ultra porteuses vont faire décoller le flotteur avec très peu de vitesse de déplacement, mais comme elles trainent beaucoup plus d'eau, elles nécessitent au moins autant de vent qu'une aile plus fine.
Les fabricants ayant compris que tout le monde cherchait à planer dans très peu de vent, ils recommencent à proposer des énormes ailes. Si elles peuvent avoir un intérêt pour l'initiation (premiers décollages), ne croyez pas qu'elles vous permettront de planer avec 5 knt de vent ... c'est une vue de l'esprit. En revanche, le plage d'utilisation de ailes sera plus faible.
Stabilité
Une fois décollé, l’accélération est aussi plus douce qu’avec le GT Carbone … on sent beaucoup moins de finesse, mais en contre partie quelque chose de très sage.
Comme la stabilité longitudinale et l’équilibre sont très bons (identiques au GT carbone), le mat qui ne fait que 75cm ne s’avère pas gênant .. et au bout de 2h de nav’, je n’ai pas sorti une fois l’aile de l’eau. J’avoue que c’est l’un des points que je craignait avec ce mat court. On profite, comme avec le GT carbone, d’une aile principale qui garde un comportement très sein même au raz de l’eau … très facile à rattraper.
L’équilibre longitudinal du GT alu, associé à la JP est très légèrement pied arrière, mais plus équilibré qu’avec le Foil NeilPryde. On est dans une situation presque idéale car elle est rassurante même quand le vent monte.
Côté stabilité latérale, le GT alu rejoint le NeilPryde et le Zeeko au rang des foils ultra stables. Que ce soit en navigation droite (mode freeride), que ce soit lorsque l’on se pend dans la voile, ou même que l’on navigue à la contre gîte, le foil est super neutre et rien ne bouge. Même avec une grosse 7.8, je n’ai pas senti la moindre torsion ou flexion qui soit. Le mat et son fuselage sont des vraies poutres mega rigides !
Comportement
Du point de vue glisse, le GT alu est, par contre, nettement en retrait par rapport à bon nombre d’autres modèles. Le mat très épais et large a évidemment des conséquences sur l’aspect performances pures. De même, les capacités au cap sont un peu limitées. En contre partie, le GT Alu reste en toute circonstance très rassurant … même au largue, sa prise de vitesse est très progressive, ce qui évite de se faire peur.
Dans les molles, comme pour le Fanatic H9, l’allonge est plutôt faible à cause d’une trainée plus forte que la moyenne, et on ne pourra pas, comme avec la vision carbone, compter sur le pumping sur le mat car il est totalement inefficace sur ce modèle.
En résumé
Cette stabilité très importante sur les 2 axes, associée à un équilibre quasi parfait sur la JP, et un côté très sage à toutes les allures font de ce GT Alu le foil aluminium le plus facile à utiliser parmi tous ceux que j’ai eu l’occasion de tester à ce jour. Alors oui, les performances ultimes ne sont clairement pas la cible du GT alu, mais il faut rappeler sa grande force : remplacez le mat Alu par un 95 carbone et vous avez sous les pieds un foil qui a gagné une bonne moitié des courses PWA cette année. Si ce n’est pas de l’évolutivité, ça !