Conditions du test
Rade de brest, cale de mise à l’eau du pôle france
Foil : AFS2 et AFSR
Voile : Xo Sail fly 7.8
Flotteur : Exocet RF81
vent : entre 8 et 18 knt
Présentation
Visuellement, la Fly ressemble beaucoup à la Xo Silver. On retrouve une voile 3 cams à fourreau semi-large, mais avec un outline légèrement différent : plus de longueur de wishbone, une chute un peu moins large, un rond de guidant marqué en tête.
Une fois gréée, elle n’a par contre plus grand chose à voir avec une freerace, et c’est là que l’on comprend un peu mieux les options de conception, qui sont à l’opposé de ce qui conduirait à une voile de slalom.
Le concept
Le concept est basé sur un objectif très simple : stabiliser le vol dans toutes les conditions de vent, tout en offrant une large plage d’utilisation. Plus simple à dire qu’à faire !…
Sur une voile traditionnelle, le creux est bloqué vers l’avant par la tension du mast panel, et cette même tension permet d’ouvrir la chute. Ce mécanisme permet à la fois de gérer les rafales sans se faire embarquer, mais surtout de lifter la planche dans le vent afin de lui permettre d’accélérer.
En foil, les rafales ont naturellement 2 effets :
- elles font accélérer la planche et tendent à faire sortir l’aile de l’eau suite à une trop forte portance de l’aile
- elles incitent le pilote à se pencher en arrière pour compenser l’excès de pression dans la voile, ce qui conduit souvent à un excès de pression sous le pied arrière et donc une augmentation de l’incidence et de la portance.
Ces 2 phénomènes expliquent pourquoi il est plus compliqué de stabiliser le vol dans les rafales que de les exploiter en windsurf.
Sur la Xo Fly, Patrice a dessiné la voile de façon à ce qu’elle plaque le foil dans l’eau en cas de rafale, au contraire de faire lifter la planche … elle fonctionne donc à l’envers d’une voile classique : c’est toute l’astuce du concept. Pour avoir passé un peu de temps autour de cette voile, je peux vous dire que parvenir à ce résultat est un petit tour de force car la conception est loin d’entre simple. Cela passe par un fonctionnement très différent du haut de la voile. Le haut de la chute est relativement tendue, et vient s’appuyer sur le vent. Par contre, la voile peut ouvrir en milieu de chute pour réguler la puissance. Malgré tout, il faut garder une voile capable de générer de l’accélération à basse vitesse pour décoller tôt, sans avoir un creux qui recule dans les rafales, et avec une aérodynamique efficace pour accélérer quand on va beaucoup plus vite que le vent … ne nous le cachons pas : c’est un casse tête pour un designer de voile, mais le challenge est ultra intéressant.
Sur l’eau
Décollage
Au décollage, la Fly est une voile qui pousse, mais qui n’est pas très dynamique. Elle demande un pumping plus ample et plus long qu’avec nos voiles référence. Elle n’est reste pas moins efficace. Le volume avant du prototype que nous avons essayé était un peu faible, mais c'est une chose qui va évoluer pour donner justement plus de dynamique à la voile.
Stabilité longitudinale
Dès que l’on est en l’air, on ressent un appui ferme sur le haut de la voile et mais une régularité inédite de la poussée. Le résultat en terme de conduite est assez surprenant car on a un vol bien plus constant en hauteur qu’avec nos voiles traditionnelles. Dans les rafales, quand on ouvre, on n’a quasiment aucun effet de lift, et il est bien plus facile de rester dans l’eau. De même, lorsque l’on borde dans les surventes, on sent nettement que la voile appuie sur le pied de mat pour aider le foil à ne pas monter.
Réglage d'écoute
Un autre comportement atypique sur cette voile qui décidément fonctionne de façon originale : on perd de la puissance en relâchant la voile à l’écoute ! C’est une voile qui nécessite donc une vraie tension de ce côté, et le profil plus fin de ce fait est aussi là pour favoriser l’efficacité aérodynamique. Si la voile est gréé creuse au wish, on sent nettement l’accélération en tirant sur le palan d’écoute.
Cap
Au près, on a une voile efficace est très contante en poussée également. Le chute plus fermée faut merveille pour serrer l’allure.Aux allures très abattues, on pourrait s’attendre à manquer de puissance. Dans les faits, on sent peu de poussée, mais le combo AFS-2 / Flotteur Exo / Voile Xo Fly m’a permis de faire des angles extrêmement ouverts au regard des autres windfoils sur le plan d’eau.
Contrôle
A l’occasion d’un grain qui a fait monter le vent à un bon 18knt, on a pu mesurer l’apport incroyable de contrôle apporté par ce concept de voile. J’aurai été bien plus mal en 7.8 dans ces conditions avec un gréement traditionnel.
En terme de feeling, on a un gréement assez lourd dans les bras sur les protos 2 et 3 que nous avons utilisé. On estime que cette lourdeur est due à un manque de dynamique, luis même provoqué par une cutline trop reculée. Patrice est en plein développement, et il reste pas mal d’ajustements à faire avant de finaliser le voile. Le dialogue avec un concepteur aussi compétent est tout à fait surprenant tant il est capable de décortiquer le résultat de chaque option de design, et d’expliquer le pourquoi de chaque sensation. Pour rappel, je précise à ceux qui l’ignorent, que Patrice a travaillé pendant des années sur le design des voiles NeilPryde au côté de Monty Spindler. Il y a du métier !!
Je n’en dirai pas plus pour l'instant car il est très difficile de décortiquer et analyser les sensations quand on teste en même temps une voile, un mat, un foil et une board dont on n’a pas l’habitude. Il va de soi que l'on va suivre le développement de près et qu'on se fera un plaisir de re-tester tout ceci avec nos foils et flotteur référence.
Bilan
Avec l’essai des prototypes 2 et 3 de la Fly, on peut dire que Xo fait un gros travail d’innovation au service du Windfoil. Les concepts mis en place sur ces premiers prototypes proposent des résultats déjà surprenants et prometteurs. Patrice et Damien ont encore beaucoup de boulot sur la planche avant de finaliser leur dessin, mais nous sommes confiants et très intéressés pour poursuivre les essais après les prochaines évolutions.