Pour ce test, nous avons installé le LK1 successivement sur
- l’Exocet RF 81
- la Starboard Foil122
- la Elix F1X
Montage
Comme tous les foils avec platine, le calage dans le boitier est assez simple même si il faut quelques fois poncer un peu. En dehors de ceci, aucune spécificité par le loke. Rappelons juste que c'est un modèle entièrement en carbone non démontable. On y gagne en temps de mise en oeuvre, mais l'encombrement pour le transport est assez important.
Décollage
Le transport foil board est assez facile car le foil est très léger … si ce n’est l’un des plus léger à ce jour (2.7 kg !)
La mise à l’eau nécessite un peu d’eau avec le mat de 92cm, mais on est dans la norme actuelle.
Dès les premières risées, la planche part au planning et le foil décolle immédiatement, avec tout de suite une très belle sensation de glisse. Comparé aux autres foils du marché, le LK1 fait clairement partie des foils qui décollent très tôt, même avec l’aile de 850, qui n’est pas la plus grosse possible.
En statique (sans pomper), il faut un peu d’air quand même, mais associé avec une board qui a de la glisse (comme la SB122), le décollage intervient vite. Si on pompe, et notamment avec les pieds, le décollage est rapide car le foil est très nerveux et répond très bien au pumping sur le mat. On verra plus tard que cela a également une grosse importance dans les trous d’air.
Stabilité
Une fois en l’air, on constate une stabilité longitudinale plutôt bonne.
On est un peu en dessous des plus stables en lonitudinal (AFS, Loke Envol), dans le même ordre que le Starboard GT ou la H9, et au dessus de beaucoup d’autres (sélect, vini, NP alu, Zeeko, etc.). Le maintient d’une altitude à peu près constante est du coup assez aisé, sauf en cas de variation de vent.
En terme d’équilibre latéral, le foil est très sein même si on a un ressenti très différent qu'avec les AFS et autres Starboard. A priori, le mat est rigide à la mesure, mais on ressent plus de mouvement qu'avec les 2 autres. C'est probablement lié au fait que le Loke a un retour après déformation plus rapide (nervosité), que l'on aurait pu associé intellectuellement à de la souplesse, sans que ça en soit réellement. Sur cet axe, il n’est pas bloqué, et laisse toute latitude pour se mettre à la contre gîte.
Comportement
En terme de sensations, le LK1 est très différent de l’Envol. A ce titre, ce n’est absolument pas une évolution de ce dernier mais bien un tout nouveau foil.
Le point le plus évident est la glisse qui est tellement supérieure à celle de l’Envol. C’est sensible à toutes les allures, mais ça saute aux yeux dans le light. On peut, un peu comme avec le Sélect, ressentir toutes les micro-accélérations dues aux changements de direction du vent ou aux petites risées.
L’autre évolution marquante est la nervosité du foil : on ressent moins la raideur, car il a beaucoup de dynamique et on peut en jouer pour pomper au décollage ou dans les molles. Sur ce point, on retrouve un peu certaines sensations que l'on avait sur le Horue dans le vent très léger. Pour autant, cette nervosité, bien maîtrisée, n’est pas gênante même quand le vent monte contrairement à ce que l’on observait sur des foils comme les aeromod 2017, sélect 2017 ou autre Vini 2017 (ces foils sont tous en train d'évoluer vers plus de rigidité). La force de Loke a visiblement été de contrôler parfaitement et de doser cette nervosité. Je suppose en particulier qu'ils ont bien veillé à ne pas avoir de torsion dans le bas du mat et le fuselage (ce qui est plus facile à réaliser sur un foil non démontable). Cette nervosité maîtrisée participe également à une sensation d’extrême sensibilité : avec le LK1, on ressent tout. Si on est un peu fin en navigation, on va pouvoir en profiter et en jouer.
Enfin, le LK1 règle définitivement l’un des défauts récurrents du loke Evol : le dérochement du profil de mat par ventilation. Cette fois, on a un bord d’attaque fin, et on n’a aucune fois été victime de ces décrochements brutaux qui se produisaient autour des 20knt, et nous ont valut quelques belles gamelles avec l'Envol.
Dans le vent
Dans des conditions de vent plus soutenu, ou de plan d’eau plus formé, le Loke reste sain même si la nervosité du mat peut jouer quelques tours. Il faut donc être un peu plus vigilant que la moyenne sur la conduite et éviter d’être brusque. Dans les conditions les plus musclées, on est un peu moins serein qu’avec le Starboard ou l’AFS. Pour ne pas se mettre en difficulté il faudra, un peu plus vite que la moyenne, passer à une aile plus petite ou / et un gréement de surface moindre.
Histoire de taille
La grande question qui anime les discussions concerne la taille des ailes. Avec la disponibilité d’une aile de 1200, beaucoup fantasment sur un décollage ultra tôt … ou tout au moins bien plus tôt que la moyenne. Nous nous devions de faire un point précis sur la question pour que personne ne se fasse de fausses idées.
Après plusieurs sessions de test, nous pouvons confirmer
- qu’il est possible de rester en vol avec la 1200 à une vitesse inférieur à la 850
- que le vol avec la 1200 est plus stable qu’avec la 850
- que le décollage ‘statique’ (sans pomper) intervient plus tôt avec la 1200 qu’avec la 850
- que le décollage ‘dynamique’ (en pompant) est quasi identique entre la 850 et la 1200
- que la 1200 est bien plus rock & roll à gérer dans les rafales que la 850
Alors non, tout le monde ne gagnera pas 2 knt de vent avec la 1200 pour décoller. Ce n’est pas aussi systématique, et plus votre niveau progressera, moins vous y gagnerez.
Pour un débutant ou un pratiquant qui ne souhaite pas se fatiguer en pompant, la 1200 apporte un plus dans le light en apportant du confort et de la facilité. Elle autorise et favorise un vol moins rapide qui rassure. C'est une option parfaite pour se balader à petite vitesse en mode freeride ... surtout lorsque le vent est léger et régulier. Dans les vents très irréguliers comme on en rencontre ici, il faut être beaucoup plus vigilant et on a été quelques fois à la faute sans le vouloir.
Pour un pratiquant dynamique et de bon niveau, l’apport de la 1200 est plus modeste à mon gout, car elle plus compliqué à gérer que la 850 dans les vents irréguliers. Il faut aussi souligner que la glisse n’a rien à voir entre les 2 ailes, la trainée de la 850 étant largement plus faible.
Si on compare avec l’Envol, la 850 est plus petite que l’aile de ce dernier, mais avec un peu de niveau technique, la nervosité du foil et sa glisse permettent de compenser très largement la moindre portance pour partir plus tôt au final. Bien sûr, on y gagne une glisse et une allonge incomparable due à la très faible trainée.
La petite aile, quand à elle, est clairement orientée vent soutenu et vitesse. Pour un gabarit moyen, elle est utilisable dès 15 knt. Nous n’avons pas encore joué à mesurer la vitesse obtenue, mais aux sensations, ça glisse très fort !
Question d’association
Comme avec le Envol, le LK1 a un point de poussé plutôt assez avancé. Il se mariera donc bien avec les planches de slalom traditionnelles, mais plus difficilement avec des planches comme la JP Hydrofoil qui a été conçue pour les foils NeilPryde.
L’association avec l’exocet RF ne nous a pas du tout séduite ... il va falloir se pencher sur la question en terme de réglage (positions straps, cales). Par contre, l’association avec la Elix fonctionne bien et le LK1 fait merveille sur les flotteurs starboard, donc les straps sont plutôt avancés (comme la Foil 122 par exemple).
Vous l’avez compris, le LK1 est un foil plutôt fin et joueur … moins bloqué que les AFS et Starboard. Il se mariera donc très bien avec des gréements un peu moins puissants et encombrants. Il conviendra aussi bien plus aux pratiquants pas trop « bourrain ».
Bilan
Au final, Loke revient avec le LK1 dans la course des foils au gout du jour, dans la catégorie foils carbone. Au sein du trio de tête (en parlant d’agrément et pas forcément de performance pure), le Loke est celui qui procure le plus de glisse et de nerf dans le light. C'est vraiment un foil "plaisir". Même si parmi les 3, c’est celui avec lequel on est le moins serein dans les conditions un peu plus musclées, le LK1 montre qu’il est possible d’apporter de la nervosité (pas n'importe comment) sans se mettre en défaut dans le vent (comme on l’a vécu avec les foils trop souples). Par sa nervosité, on le conseillera plus aux pratiquants capables d’avoir un peu de finesse en navigation. Les « bourrains » qui cherchent la puissance en bâchant du gros (ils se reconnaîtront) lui préfèreront des foils plus calés et puissants.
Comme d'habitude, il faudra soigner les associations avec le flotteur pour garder un ensemble équilibré et facile à naviguer. Ici, on est sur un foil plutôt "pied avant".