Windfoil - Test complet du pack RS-One convertible

Cet après midi, les conditions ont enfin permis de tester le pack RS-One convertible de série dans ses 2 modes : foil et aileron. Il était important pour nous de nous rendre compte des possibilité du pack à la fois en foil et en slalom car tout l'intérêt du concept est clairement dans cette double utilisation, dont la promesse est d'offrir un très large plage d'utilisation. L'objectif est de pouvoir pouvoir valider des manches de régate dans un maximum de conditions sans débauche de matériel (un flotteur, une voile).

Est ce un signe ? Ce test a lieu le jour même de l'annonce de l'attribution des JO de 2024 au projet Paris / Marseille ... jeux au cours desquels la RS:X Convertible (grande soeur de la RS:One Convertible) pourrait venir remplacer l'actuelle RS:X comme support windsurf.

Conditions du test

Spot : La Ciotat

Vent : Ouest 8-25 knt

Matériel : Pack RS:One convertible complet en 7m2 (flotteur, voile, mat 65%, wishone alu avec palan, rallonge RSX, pide de mat MXT)

Rider : 78kg pour 1m80

Réglage : Compte tenu des conditions très irrégulières, j'opte pour un réglage moyen en terme d'étarquage au guidant. Avec la rallonge à 6 comme préconisé, je laisse environ 1,5cm de jeu en bas. Ne connaissant pas la planche, je règle le pied de mat pile au milieu du rail. En ce qui concerne les straps, les options de position sont un peu surprenantes en particulier à l'avant. Après plusieurs aller-retours où mon 43 filette nageait malgré le resserage des straps, j'ai finalement opté pour un réglage en changeant d'insert pour rapprocher les 2 côtés du strap. Pour le coup, le pied est très calé, mais à l'usage c'était parfait sur l'eau.

Petit carton jaune concernant les vis de straps qui sont trop courtes par rapport à l'épaisseur du strap (+ raidisseur en plastique). Je conseille très fortement d'opter pour des vis plus longues, ou d'ôter la partie inférieur du raidisseur pour éviter de foirer les inserts.

Préparation : comme évoqué sur les forums et large et en détail, nous avons poncé le bord de fuite du mat de foil pour faire disparaître le sifflement qui pourrait devenir assez vite désagréable.

En mode aileron

Je ne reviendrai pas sur la présentation du matériel et du concept que nous avons déjà fait en détail.

En ce début d'après midi, nous avons des conditions irrégulières mais soutenues avec un vent oscillant entre 15 et 25knt au large dans les rafales. C'est donc des conditions parfaites pour tester la RS:One convertible en mode aileron (Slalom). L'aileron est un tuttle en 41cm.

Le premier contact avec la planche est plutôt tranquille. Avec ses 134L et 80cm de large, le planche porte facilement mes 78kg. Elle est très stable et très équilibrée, comme souvent avec les shapes de JM Guiriec. Le gréement est plutôt léger dans les bras (j'avais peur du 65% mais il est visiblement léger en tête), un peu comme la V8 dont il s'inspire. On est en dessous du poids d'un gréement freerace, et très loin de celui d'une voile de slalom.

Le départ planning est rapide et progressif. Avec15knt de vent, pas besoin de pomper ... ça part tout seul. Dès le premier contact, la voile fait montre d'un gros coffre à bas régime. Le gréement est souple et respire. L'accélération est progressive mais on atteint vite une bonne vitesse. Compte tenu du clapot de face (une des petites spécialités ciotadaine) , on remarque immédiatement le confort du shape de la RS:One. Comme lors de notre essai de la pré-série, on reconnait immédiatement la patte du shapeur Exocet.

Même si on a pas d'amortisseurs sous les pieds cette fois (sur un flotteur à 1500€ ...ça aurait été compliqué j'imagine), la RS:One ne défonce pas le dos, et reste facile à contrôler même dans les risées les plus fortes. Pour un flotteur de 80cm de large, c'est assez inhabituel, mais à la fois une excellente nouvelle compte tenu du programme.

En terme de vitesse au travers et au largue, on est subjectivement au niveau d'une très bonne freerace (type Starboard Futura, Patrick F-Race ou Tabou Speedster), mais moins libre et moins en glisse qu'une 100% slalom. Au cap, on a un excellent appui sous le pied ... comparable à la plupart des planches de slalom actuelles, et pour le coup au dessus d'une freerace. Seule la construction fibre et donc le poids un peu plus élevé bride la vitesse au près car on a plus de mal à libérer le flotteur. Il faudra jouer sur les réglages de pied de mat et de wishbone pour passer au dessus du clapot dans ces conditions. Le contrôle plutôt aisé du flotteur permet sans problème d'opter pour des réglages un peu plus engagés sans se mettre en difficulté.

Au passage, l'appui soutenu sous le pied confère au flotteur RS:One convertible d'excellentes capacités en replacement, et en remontée au vent par conséquent. Alors, même si ce flotteur sera en retrait côté vitesse au cap au regard d'une pure slalom, elle pourrait très bien tirer son épingle du jeu sur un parcours Up & Down !

Côté gréement, avec l'habitude des voiles de slalom, on note moins de stabilité et un creux qui recule dans les plus grosses rafales. Ca reste contrôlable sans problème, mais la main arrière limite les capacités à transformer les rafales en accélération ... surtout aux allures serrées. Grâce aux palans de wishbone, on va assez vite diminuer le creux (conséquent) de la voile pour améliorer le comportement au près dans le vent. On testera également l'installation d'un palan de guidant car ce type de voile est parfaitement à même d'en tirer partie pour jouer sur le volume de la voile en navigation, et le blocage du creux. C'est probablement un des accessoires qui peut transformer les choses.

En contre partie, le gréement permet un passage dans les molles impressionnant pour une 7m. Là encore, merci au palan d'écoute qui permet de redonner du creux et des watts quand il le faut. Dans les zones de vent les plus faibles, on s'aidera facilement du pumping très efficace sur cette voile ... encore une fois surprenant avec un mat qui n'a que 65% de carbone. Subjectivement, ce mat SPX65 semble avoir des performances qui feraient certainement rougir pas mal de 80%.

En mode foil

En quelques secondes, on remplace l'aileron de 41cm pr le foil aluminium NeilPryde, sans rien changer par ailleurs ... toute la magie du concept convertible.

C'est donc reparti en mode foil, dans des conditions de vent toujours assez musclées en 7m ... l'occasion de constater si la version définitive du package conforte nos premières impressions.

L'un des gros points forts du foil aluminium NeilPryde est la progressivité du décollage. On le retrouve donc fort logiquement avec l'ensemble RS:One. Ici, pas de planche qui colle, pas de montée brutale difficile à contrôler : le décollage est doux, progressif, pas nerveux ... facile à contrôler. C'est l'un des points qui surprend le plus les adeptes du windfoil. Cette progressivité n'est pas synonyme de mollesse. L'appui sur le foil est tout de suite solide : l'aile a une portance soutenue.

Malgré l'utilisation d'un flotteur qui n'est pas dédié 100% au windfoil (le flotteur convertible fait 2m30), l'équilibre foil / flotteur est presque parfait : d'une part l'appui est plutôt équilibré sous les pied, très légèrement pied arrière ce qui rassure dans le vent. D'autre part, l'effet déporteur du stab est parfaitement adapté au flotteur RS:One. Du coup, on navigue bien à plat et on n'a pas le nez du flotteur qui traine vers le bas comme avec beaucoup de foils quand la vitesse augmente. De même, le stab joue parfaitement son rôle pour éviter les effets de tangage et le RS:One fait partie des ensembles très stables sur l'axe longitudinal.

De façon surprenante, l'ensemble reste gérable malgré le vent soutenu (plus de 20knt dans les rafales) ... alors qu'on est en 7m pêchue. Certes, on serait plus confort en 5m, mais on arrive quand même à gérer sans sorties d'eau intempestives et sans être obligé d'appuyer comme un sourd sur la jambe avant ! Cela démontre une fois de plus la plage d'utilisation très large du foil aluminium NeilPryde.

Côté vitesse, l'ensemble se défend, et comme toujours en foil, c'est le pilote qui fait la vitesse ... surtout si le foil reste contrôlable facilement. En l'occurence, même quand on envoie les watts, rien ne bouge (merci le mat et fuselage version barre à mine) et notre Tristan local (pas moi, je me ch... un peu... je plafonne à 22-23) a dépassé les 24knt sans problème avec la bête. Bon ok, la glisse n'est pas la meilleure que l'on puisse avoir, et on aimerai un mat un peu plus long pour plus de facilité dans le clapot, mais compte tenu du prix du foil (800€), le rapport qualité / prix / possibilités / facilité / plaisir est pour l'instant carrément imbattable ... et de loin !

Au fur et à mesure que notre session de test avançait, le vent a baissé pour s'établir finalement entre 8 et 12 knt. C'était l'occasion de vérifier le comportement de la RS:One dans le light. Avouons le, le foil RS:One n'est pas celui qui aura les meilleurs minis du marché (que ce soit pour le décollage, ou l'allonge dans les molles), mais il est parfaitement exploitable dès un bon 8knt de vent ... en particulier avec le gréement de 7m qui respire la santé. Il faut savoir que la monotypie RS:One convertible proposera une 7.8 pour les adultes hommes (7m pour les femmes). Compte tenu de la puissance de cette voile, la plage 8-15knt est dès lors confortable.

Côté remontée au vent, le pack RS:One reste en retrait par rapport à nos ensembles référence : JP / F4 , Select / Elix ou Starboard / Elix. Il est évident que la glisse du foil en aluminium / G10 est à mettre en cause, autant que le flotteur qui permet moins facilement de se mettre à la contre gîte (moins large, straps plus excentrés). Encore une fois, il faut relativiser ceci compte tenu de la convertibilité du support, et de son tarif, sachant que l'on reste toutefois au dessus de pas mal de modèles bien plus onéreux.

Côté abatée, l'ensemble est étonnamment facile et serain dans le vent soutenu. Dans le light, la moindre finesse des ailes limite un peu plus l'exercice, mais on reste à un très bon niveau grâce à la rigidité du foil.

Conclusion

Après ce test très complet dans des conditions changeantes, on ne peut que féliciter l'équipe de développement de NeilPryde qui a créé un support répondant à 100% à son objectif :

  • des performances plus qu'honorables et équilibrées dans les 2 modes d'utilisation
  • une accessibilité assez incroyable dans les 2 modes d'utilisation
  • un tarif plus que correct
  • une qualité de fabrication digne de NeilPryde
  • une plage d'utilisation imbattable : 8->25knt avec la même voile et le même flotteur, tout en restant performant ... bluffant

L'avenir nous dira si la classe RS:One convertible retient l'attention des structures fédérales comme support de régate grand public moderne, mais pour sûr : le produit est bourré de qualité, et colle parfaitement à son cahier des charges. Ce n'est pas le produit ultime en terme de performance, mais le rapport qualité prix est excellent. Cerise sur le gâteau, tous les foileurs (débutants ou expérimentés) qui l'essayent reviennent avec un sourire qui en dit long.

Au final, le pack RS:One convertible répond de façon parfaite à une quintuple contrainte pour les clubs

  • faire débuter les pratiquants avec un maximum de réussite rapide
  • proposer un support moderne plaisant et ludique
  • investir dans du matériel robuste et de très belle qualité .. à tous les niveaux
  • utiliser le même support pour régater en monotypie ... voir en jauge type rulebox .. avec un minimum de matériel
  • offrir un tremplin pour le haut niveau (représenté selon NeilPryde par la RS:X convertible qui sera proposée pour les JO 2024, ou selon d'autres acteurs par la F42 avec foil dans le light wind)
Windfoil - un flotteur dédié chez Exocet