Windfoil - Le surf sinusoidal

Hervé nous présente Le surf sinusoidal :

Le surf

Le surf, en windfoil ?... Le surf en windsurf, oui ; cela sonne bien « classique » et d'ailleurs qui n'a pas surfé avec sa monture de vague et même en formula !...

Mais là, je vous propose d'attaquer en vol des lames bien rondes et joliment pentues, mais dans du vent léger. J'ai en mémoire une session en particulier où les planchistes « tradi », donc en aileron, ne parvenaient pas à partir au planing ; un seul d'entre-eux osa se frotter aux magnifiques déferlantes qui entraient dans la conche de St. Georges, près de Royan. Je me tenais un peu à l'écart des gros paquets de mousse de manière à profiter de la partie propre, sans prendre trop de risques...

Cette discipline est littéralement grisante ; je la pratique avec un foil bien connu, l'Alpine A1 carbone avec son aile 900. Redoutable dans le petit temps, ce foil équipé de cette aile « magique » est une véritable arme fatale pour travailler les lames qui ressemblent à de la houle. Mais il faut vous attendre à une belle montée d'adrénaline car toute la magie séductrice du surf en foil vient de cette glisse incroyable accompagnée d'une belle montée de la vitesse et du stress...

Le mieux est d'être déjà en vol ; tant pis mais le pumping mixte (voile puis foil) doit être mis à contribution sans rechigner ! L'enjeu est de taille car le beau travail d'une lame consiste dans un premier temps à stabiliser parfaitement son vol pour aller chercher la lame qui monte sur votre avant travers. La vitesse n'est pas essentielle ; le contrôle et la stabilité sont les maîtres mots. Il est d'ailleurs préférable de maintenir la hauteur de vol à mi-mât environ. C'est idéalement dans le vent léger (une quinzaine de nœuds max avec une voile d'environ 6 m²) et avec une vitesse en vol en dessous de la vingtaine de nœuds que l'exercice prend toute sa dimension magique...

Au moment où la pente s'ouvre à vous, il est quasi instinctif de se regrouper un peu en engageant le buste légèrement sur l'avant tout en initiant une légère abattée dans le sens de la pente. La montée de la vitesse est instantanée et le gain peut être évalué à 3-4 kts... Il est alors essentiel de donner la priorité absolue au contrôle ; le danger potentiel étant de laisser sortir l'aile de l'eau avec le résultat explosif que chacun connaît... N'oublions pas que nous exploitons une aile par définition à forte portance et que nous sommes confrontés à une montée assez vive de la vitesse ; le brusque montée du vent apparent pouvant alors être associée à une rafale, mais une rafale qui va vous poursuivre sur la distance d'une descente en biais d'une lame qui peut s'étaler sur des centaines mètres ! C'est encore plus beau sur la houle comme en la rencontre en demie-saison par exemple entre l'île d'Oléron et Ronce-les-bains au niveau du Galon d'Or. Il est alors possible d'envoyer des surfs dans l'axe de la houle ; là encore, griserie ultime garantie. C'est donc dans cette phase de surf à vitesse soutenue très souvent supérieure à la vingtaine de nœuds qu'un point technique se révèle capital ; le trim du foil !

Le trim du foil

Vous l'aurez bien compris, il ne s'agit pas de raisonner sur la force du vent du jour, surtout si comme je le décris, ce dernier est dans l'idéal des choses « léger », mais plutôt sur le surf en lui-même. Les vitesses atteintes qui donc tournent autour de la vingtaine de nœuds exigent sur une aile de forte portance (comme la 900 dans mon cas) de faire travailler cette dernière à une incidence réduite par rapport à ce que les conditions dicteraient. Penchez-vous donc de près sur la procédure de réglage de votre stabilisateur (cales, rondelles, vis ou plan incliné) de manière à réduire la puissance de votre foil tout en le rendant du coup plus « joueur » ! Vous gagnez ainsi sur les deux tableaux pour doser votre trajectoire à loisir sur de tous petits ordres quasi imperceptibles même pour un observateur averti ; foil oblige ! Votre combo gagne en contrôle et en manœuvrabilité ; c'est à dire pratiquement deux choses apparemment contradictoires. Le foil ainsi trimé offre un meilleur contrôle dans l'axe de tangage ; en clair, le risque de montée intempestive avec sortie de l'aile est réduit mais la vivacité en lacet pour enchaîner les courbes est magnifiée... Vous êtes donc en mode « race », « speed » type « downwind » ; c'est à dire avec un foil dont l'aile arrière dénommée « stabilisateur » ou stab est réglé « à cabrer » de manière à induire un léger couple « à piquer » pour le foil considéré dans sa globalité ; le fameux angle d'incidence de l'aile principale est réduit.

Attendez-vous naturellement à devoir vous engager encore plus énergiquement au pumping mixte ; voile & foil. Dans cette configuration, le décollage est logiquement un peu plus tardif ; je constate sur l'Alpine A1-900 pour mon gabarit de 75 kg un décollage effectif (vol stabilisé et franc) à environ 15 kts alors qu'un trim « standard » type freeride (stab calé autour de zéro) permet de décoller propre à 11-12 kts. C'est le prix à payer pour surfer serein !

Préparation technique au surf – Le surf sinusoïdal

Non, je vous passerai sous silence les séances d'assouplissement et de yoga... Mais une solution simple et accessible à tous permet de se préparer à manœuvrer son foil en vue de travailler la lame.

Sur plan d'eau « standard », commencez par tester le caractère « joueur » de votre combo trimé spécifiquement comme décrit ci-dessus en enchaînant une succession d'inversions de courbes sans aucun temps mort avec pour objectif de réaliser une « trace de serpent » harmonieuse et régulière. C'est amusant et vraiment facile. Une fois ce petit exercice maîtrisé, cherchez à le réaliser maintenant sur une surface « ondulée ». Il ne s'agit pas ici de vagues ou de train de houle. Cela consiste à faire correspondre les abattées et les lofs avec l'ondulation de surface ; chercher à être « synchro » avec le mouvement du plan d'eau. J'appelle cela « le surf sinusoïdal ». Détendez-vous et commencez à envisager ce que va être l'antichambre du surf en tant que tel...

Tous les sites ne se prêtent pas à ce genre d'exercice. Par chance, l'estuaire de la Gironde au niveau de Royan et St. Georges de Didonne nous gratifie assez régulièrement d'un petit train de houle ou de vagues sous la forme d'une ondulation régulière généré par l'opposition du courant à marée descendante au vent dominant de NW. La longueur d'onde de ce système est de l'ordre de la trentaine de mètres ; c'est court mais les creux étant généralement inférieurs au mètre (on retrouve là les conditions souhaitables de vent déjà mentionnées, à savoir une petite brise force 4 Beaufort max), la méthode sinusoïdale peut aisément être appliquée. Mais attention, les choses se corsent car chaque abattée sur cette ondulation génère les fameuses accélérations déjà décrites. C'est précisément sur ce point que le pilote doit se concentrer ; chaque abattée doit être finement pilotée pour ne pas laisser le foil monter et en particulier lors du lof où la combinaison de la vitesse acquise et du rapprochement du vent réel a tendance à générer une puissance additionnelle que seul le trim décrit ci-dessus permet de maîtriser... CQFD.

Une fois ce petit bagage en main, vous regarderez le plan d'eau différemment. Vos yeux seront naturellement à la recherche de l'ondulation ad'hoc ; vagues non déferlantes ou bien  houle providentielle toujours assez rare...

Aiguisez donc votre foil pour la chasse au fil de la lame !...

Sportivement.

Hervé

Herve en plein surf

Windfoil - Présentation et test du F4 2019