Condition du test
Lac de Serre-Ponçon - Savine, puis La Ciotat
Vent : entre 10 et 18 knt, puis de 7 à 25 knt
Etat du plan d'eau : plat avec clapot
Voile : V8 6,7 TPX100 et Atlas 5,4, puis 7.8
Foil : Starboard SLALOM et GT, puis RACE
Flotteur : Elix F1X M - pesée à 9,03kg avec straps
Présentation et préparation
Je n'ai pas pu résister très longtemps avant de baptiser cette nouvelle F1X ... un vrai gamin qui reçoit un nouveau jouet pour Noël ! Et encore, elle est restée sagement au shop 4J car j'étais absent ... quelle honte ;)
Bref, montage des straps position intérieur flotteur, et trou du milieu pour voir. Côté foil, le montage du starboard a été un peu fastidieux. Le boitier Elix est très ajusté .. Sur la JP, le foil rentrait déjà avec difficulté, mais cette fois, il a fallu poncer. Heureusement, je m'y étais pris la veille au soir pour le faire clean petit à petit. Comme j'aime bien les ajustements très serrés, je ne suis même pas allé jusqu'au bout du ponçage car je sais que tout se met en place en quelques nav'. Sur le premier montage vis serrées, il me reste encore environ 3mm de talon dehors.
Côté vis, tout tombe parfaitement dans l'axe ... merci au talon starboard avec des trous oblongs ... une très bonne idée au final car cela évite d'ovaliser la planche, ou de forcer sur les vis et inserts.
Bref, après une bonne heure d'adaptation aux petit oignons, c'est parti pour le test de la belle
Sur l'eau, premières impressions
Le premier jet se fera dans un vent un peu soutenu, entre 15 et 18 knt, en 5,4 et avec l'aile de 550. Je m'attendais à un départ foudroyant, mais que neni (comme dirait l'autre), il faut bien pomper pour lancer la bête avant que le décollage ne se fasse. Une fois parti, je suis tout de suite trop pied avant et pas calé (cf photo ci dessous). Retour au bord immédiatement pour corriger tout ça !
On avance les straps sur la position avant, on creuse un peu la voile (j'avoue que j'avais surestimé la force du vent ... pas l'habitude de voir du clapot à Savine), je recule le pied de mat et c'est reparti. Le départ planning est toujours un peu laborieux, mais je me rends compte assez vite que les répartitions de volume inhabituelles nécessitent de se mettre tout de suite complètement en arrière de a planche pour lancer la machine : rester devant n'a aucun intérêt, voir est même contre productif. A terme, on partira direct pied dans le strap avant ! Bref, une fois en l'air, l'ensemble foil / flotteur est désormais bien équilibré : la position de strap est la bonne.
Avec des foils plus pied avant comme le Loke et l'AFS2, il faudra vérifier si l'insert de strap le plus avancé sera suffisant.
Quelques bords pour prendre en main la bête, et les premières choses qui surprennent, par rapport à nos repères habituels, sont
- la technicité du décollage
- la position très ouverte du strap avant
- la position très excentrée du strap arrière ... au début, on cherche un peu avec le pied
- l'énorme stabilité latérale et la facilité de gérer la contre gîte
- le confort du pilotage
- le calage de la planche au près
Assez vite, le vent baisse d'un cran et je rentre changer de voile pour passer en 6,7. Ce sera aussi et surtout l'occasion de voir si avec une voile un peu plus grande, on parvient encore mieux à mieux caler le foil au près.
On approfondit
Pour la première fois, on a sous les pieds un flotteur 100% foil que l'on doit apprivoiser : ce n'est pas immédiat car on sort de nos repères habituels. Il faut dire que c'est aussi la première fois que l'on a un flotteur qui s'éloigne réellement de ce qui se faisait en funboard. On peut dire que les Starboard / Fanatic sont juste adaptées (renforts), que les JP / Zeeko / Slingshot sont revues pour le foil, mais là on est conçu 100% windfoil ... je n'imagine pas utiliser ce flotteur pour faire du slalom light wind !
Après quelques heures passées sur l'eau pour découvrir tous les recoins de la F1X, revenons sur les points précis
Décollage
C'est clairement le point délicat qui fera de la F1X un flotteur difficile conseiller à celui qui souhaite apprendre le foil sans trop modifier ses habitudes. La forte largeur de la planche nécessite de faire plus attention lors du décollage. En particulier, il faut veiller à ne pas appuyer sur le talon lorsque l'on chausse le strap arrière sous peine de réduire à néant tous ses efforts de pumping. Il faut aussi s'habituer à la position très ouverte du strap avant, qui peut paraître un peu gênante au départ dans la phase de pumping (on s'y fait vite).
Edit. Après quelques journées passées sur le Elix, le décollage ne pose plus de problème, mais suppose de revoir complètement les habitudes que nous avions. Au lieu de partir au planning et prendre de la vitesse avant de pouvoir décoller avec le foil, on décolle ici sur le foil avant même de partir au planning. C'est un coup à prendre, et qui nécessite de se mettre directement dans le strap avant, et très vite dans le strap arrière. Il faut aussi apprendre à faire accélérer le foil déjà porteur à partir d'une vitesse assez basse. C'est facile avec une aile très porteuse, et un peu plus technique avec une petite aile.
Touchettes
Là encore, la F1X nous change de nos habitudes.
Edit. Lors des premières navigations, j'avais été un peu déçu par la moindre glisse lors des touchettes à l'arrière à petite vitesse. Même si la glisse reste dans ces conditions un peu moins légère qu'avec un flotteur étroit (type tiny), la F1X compense largement ce petit inconvénient par un comportement très intéressant et unique à vitesse soutenue. Dans ces conditions, là où les autres planches devenaient plus délicates en cas de touchette (coup de frein et modification brutale d'assiette), les 'ailes' de la F1X jouent un rôle de palpeur et permettent de rebondir sans se faire déséquilibrer. C'est vrai à plat, et encore plus sensible à la contre gîte. Ca aide à éviter les boites à grande vitesse :)
Avec un peu d'habitude, les touchettes par l'avant deviennent rares, sauf dans la houle. Je n'ai donc pas pu jauger de la réaction de la F1X sur ce point compte tenu des conditions lors du test.
Autre point à souligner sur la Elix, et qui fait une grosse différence avec les autres boards que nous avons testé : les touchettes de rail à la contre-gîte ne produisent quasi aucune décélération, contrairement à ce qu'il se passait sur la JP par exemple. On voit que le travail sur les rails a été très important et particulièrement réussi.
Stabilité latérale, contre gîte et cap
L'OFO à 70 et l'angle du strap avant ont un effet énorme sur les capacités de la planche quant à la stabilité latérale et la contre gîte. Ce qui est très compliqué sur une Tiny, accessible sur une JP devient ici un jeu d'enfant, voir même carrément un vrai plaisir ! Si le vent (ou la portance de votre voile) est suffisant et la longueur du mat de foil adéquat, on prend des angles incroyables et on sent tout de suite que notre niveau technique est notre seule limite. Les positions que l'on observe sur les kitefoil semblent dès lors devenir plus accessibles (bon, y a encore du travail, mais on fait un gros pas en avant). Même si pour l'instant, je n'arrive à tenir ce type de position que quelques secondes, les caps et ratio cap / vitesse s'envolent. Attention toutefois : aller chercher de la contre-gîte supposent 2 incontournables ! Le premier est un mat de foil très long (mini 90cm voir 95 à 100cm) ... sinon, on risque des sorties d'aile fréquentes. Le 2e est un ensemble Mat / Fuselage ultra raide, autant en torsion qu'en flexion.
Edit. Même lorsque l'on ne va pas chercher des angles de contre gîte importants, les sensations d'accélération au travers ou petit près sont assez jouissives car on arrive vraiment à caler la planche sur ce type de cap avec la voile bien bordée.
Corollaire de tout ceci, les capacités au cap sont excellentes, et les grosses remontés au vent deviennent un plaisir. On découvre une autre façon d'exploiter le plan d'eau. Les bords travers/travers en deviendraient presque ennuyeux :)
Allures abattues
La forte OFO aurait pu pénaliser les possibilités à l'abatée, mais il n'en est rien et on retrouve une attitude proche de ce que l'on avait avec les autres boards. Edit: Une fois encore, c'est un peu perturbant au départ, mais on se prend au jeu à faire des descentes quasi vent arrière sans aucune envie de positionner le pied plus au centre de la planche. Si le vent est un peu limite, on a vite fait de déventer la voile à cette allure et ainsi manquer de puissance. Il ne faut pas hésiter dans ce cas à mettre le flotteur à la gîte (ce qui est facilité par l'ouverture du strap avant) pour s'appuyer sur le mat du foil et garder ainsi de la portance à plus faible vitesse.
Stabilité longitudinale
Une fois les straps réglés en fonction du foil, aucun soucis d'équilibre ! Gros point positif : la très faible inertie de la partie avant (normal, tout le poids et le volume sont derrière! ) procure une impression de facilité et de réactivité de premier ordre ... Edit: un vrai plaisir à tout moment car cela permet de rattraper pas mal de cas limites, en particulier lorsque les conditions de vent deviennent difficiles.
Vitesse & taille de voile
Même si le flotteur n'a aucune influence directe sur la vitesse, il y contribue. En offrant un bras de levier important sous le strap arrière, la F1X permet d'exploiter plus facilement les foils puissants. L'ensemble de la géométrie du flotteur (outline, position des straps, répartition de volume) permet de mieux se caler y compris avec des voiles plus grandes ... cela va donc participer directement aux performances potentielles. Je dirai même que l'utilisation d'un tel flotteur va favoriser l'utilisation de voiles plus grandes car en navigant plus calé et moins debout, on se sent beaucoup plus en confiance même quand le vent monte. L'OFO important va aussi demander un peu plus de puissance pour décoller rapidement. On restera clairement avec des voiles plus petites qu'en slalom, mais on sent qu'au lieu des 2m2 d'écart que l'on observait en freeride, on va rapidement passer à 1,5 voir 1m2 (au moins dans les vents légers et medium).
Edit: Non seulement le F1X permet de toiler plus qu'une board étroite, mais elle semble mieux s'exprimer avec une voile qui a un peu de main arrière, ou tout au moins de longueur de wishbone. Nous allons poursuivre nos tests, mais il nous a été plus difficile de caler la planche avec une voile de vague, alors qu'on contraire, nous avons emmené nos voiles à camber bien plus loin dans le vent qu'auparavant.
Manoeuvres
Le virement de bord passe comme d'hab sans problème, mais il faut juste être rapide et ne pas trainer devant le pied de mat, à moins de prendre un tuba ;) (n'est ce pas cyril)
Le jibe a l'air assez facile à maîtriser car le plan de pont offre beaucoup de place. Seul l'angle du strap avant nécessite un peu d'attention car on reste facilement coincé dedans si il est trop lâche et que l'on a chaussé jusqu'à la cheville. Bon, de mon côté, comme je suis une buse intersidérale, je n'arrive toujours pas à passer le jibe en l'air, mais je m'en approche un peu plus chaque jour.
Portage
Grâce à la faible inertie de la partie avant, on a pour la première fois une planche de foil qui permet assez facilement de mettre à l'eau l'ensemble sans se démonter le dos, ni laisser trainer un morceau sur les cailloux. Au lieux de prendre la planche par les straps, il suffit d'attraper le wish dans une main et le mat du foil dans l'autre, le cul de la planche venant alors se caler sous le bras.
C'est un détail tout bête, mais quand la mise à l'eau est complexe, on a vite fait d'abîmer nos joujoux si le portage est galère.
Bilan
Avec une prise en main un peu plus délicate que la moyenne, car elle impose des vrais changements d'habitude, la F1X ouvre la voie de flotteurs réellement développés pour le foil avec une volonté claire d'aller chercher de nouvelles performances. Passé l'adaptation, on décèle un énorme potentiel dans une optique course, à condition d'y adjoindre un foil bien né, avec un ensemble mat + fuselage raide. Si quelques modèles déjà existants devraient parfaitement matcher avec le programme (RS:Flight AL et RS:Flight F4, AFS2, Starboard GT / SLALOM / RACE, Loke ... pour ce dernier, il faudra vérifier si la position avant des straps est suffisante), il y a fort à prier que le foil SELECT développé avec cette board va s'inscrire directement dans cette optique. Ce type de flotteur va aussi inciter à utiliser des voiles un peu plus grandes que ce que nous avions l'habitude de faire avec des flotteurs foils typés freeride.
La F1X semble assumer parfaitement un positionnement Slalom / Race (cap, vitesse, accélération) au détriment du côté joueur que peut offrir une Tiny (navigation debout en petite toile, légèreté) : 2 optiques diamétralement opposées, qui ont l'avantage d'assumer chacune leur cible.
Edit : après 3 semaine d'utilisation, j'ai trouvé mon flotteur préféré ... un petit bijou qui se mérite, cette F1X