Spot : la Ciotat
Condition du test : vent de Sud-Ouest assez irrégulier entre 15 et 25 Knt
Matériel testé:
- RS:X Convertible avec gréement en 7.8 m2
- RS:One Convertible avec gréement en 7.0 m2
- Foil NeilPryde RS:FLIGHT AL
A l’occasion de la présentation du programme RS:Convertible aux responsables du Club Neptune par Damien LEGUEN, nous avons eu l’occasion de tester ces produits destinés à proposer 2 formules monotype : une à destination des clubs (RS:One) et l’autre d’une élite (RS:X) .. et candidate au remplacement à terme de la RS:X actuelle en tant que support olympique.
Le convertible en mode slalom
Contexte
Compte tenu des conditions inattendues aujourd’hui, et malgré ce que nous avions prévu initialement, nous avons décidé de profiter du vent soutenu pour tester le concept convertible en mode Slalom. Pendant ce temps là, Damien faisait tester la RS:One en mode foil à l’équipe de Wind Magazine qui était en campagne de test pour leur prochain article sur le foil.
C’est donc parti avec la RSX:Convertible armé d’un aileron de 40 et de la voile RSX en 7,8. Je dois dire qu’après pratiquement un an sans naviguer en slalom, le retour à une voile à fourreau large en 7,8 dans 20-25knt a été assez déstabilisant pour mes petits bras. Passé le moment de ré-adaptation à une navigation un peu plus bourrin, on peut enfin parler de sensations.
Flotteur
Malgré le plan d’eau assez mouvementé, le flotteur est assez facile à gérer … même surprenant au final quand on sait qu’il fait 80cm de large pour 130L. Aucun cabrage, aucun mouvement parasite : la planche est légère sous les pieds mais ni collée à l’eau ni volage. Le confort et l’accessibilité me rappellent beaucoup mon ex RS4. Les shapes de Jean Marie Guirec (Exocet) ont décidément un ADN commun. Pour un flotteur conçu pour être utilisé dans toutes les conditions (principe de monotypie), le choix est très pertinent : imaginez si on avait un flotteur de slalom pointu en 80cm de marge, il aurait été ingérable par le commun des mortels dans les conditions musclées.
Côté aileron, le modèle fourni en série semble plutôt efficace. Subjectivement on manque un peu de portance et de replacement par rapport à nos ailerons habituels (ERD, Rhino), mais on la glisse est bien là. A priori, le flex en tête va être retravaillé pour apporter un peu plus de gaz.
Gréement
Passons à la voile : la voile RS:X convertible est identique à la future RS:Flight. Elle est issue d’un développement spécifique provenant de la RS:Racing LT1. Le rond de guidant a été diminué pour permettre de loger plus de creux et pour pouvoir plus facilement retendre la chute dans le light en limitant la tension à l’amure. Ce concept devrait permettre d’intégrer un palan de guidant afin d’offrir un réglage sur l’eau. Pour notre test, elle était gréée sur un FLX100, alors qu’elle sera proposé au final avec le SPX95. Avec notre mat de test, le gréement était plutôt très rigide et pêchu : c’est le moins que l’on puisse dire ! Il faudrait que je mesure mais mes bras ont dû s’allonger de 10cm avant que je n’arrête un peu épuisé. Cette combinaison qui convient parfaitement à Damien Leguen (un petit bébé de 100kg) sera moins au goût des petits gabarits peu entrainés (mais soyons francs, ce n'est pas la cible de ce matériel élite). La combinaison standard avec le SPX95, qui donne un gréement trop souple au gout de Damien devrait nous convenir parfaitement !
En terme de comportement, on a une voile avec peu de main arrière mais beaucoup de traction vers l’avant et du couple à revendre. On imagine la puissance qu’elle peut générer avec une chute un peu plus tendue. Ce test sera à refaire en saison quand la condition physique sera revenue, mais dors et déjà, on peut dire qu’il sera inutile de sur-tailler la RS:Flight dans une optique foil. Pour mes 78kg, une 7m devrait être parfaite comme voile unique 10-20 knt. Je suis très curieux de la tester avec le SPX95 ou le TPX100 pour voir ce qu’elle peut donner avec un peu plus de souplesse. Ça risque d’être très très intéressant
Le concept RS:One convertible en mode foil
Après s’être bien allongé les bras avec la RSX:Convertible en 7.8, on passe à la RS:One en mode foil.
J’avoue que j’étais un peu inquiet à l’idée de partir sur l’eau en foil avec 20 knt et une voile à camber de 7m2. L’expérience a prouvé que d’une part j’avais tort, mais surtout que nous avions dans les mains un concentré de plaisir en boite.
Présentation
Avant de dévoiler mes sensations, faisons le tour du matériel avec lequel nous partons sur l’eau : le flotteur RS:One est strictement identique à la RS:X Convertible en ce qui concerne le shape (même moule, même positions d’inserts et boitiers) mais avec une construction plus simple. On est ici sur un sandwich verre / PVC avec renforts carbone, alors que la RS:X Convertible utilise un sandwich full carbone/PVC et un matériaux exclusif sur les rails. La planche fait 80cm de large pour 130L, avec un shape intelligemment conçu pour offrir à la fois un comportement idéal en foil, et des performances de haut niveau en slalom. Malgré sa largeur de 80cm, Damien a déjà dépassé les 35knt, ce qui démontre le potentiel du flotteur … même si nous ne serons pas nombreux à égaler ce type de perf. Les straps disposent de 2 rangées d’inserts respectivement à 16 et 18 de l’axe, ce qui va permettre de l’adapter à l’option de navigation (foil ou slalom), au type de foil monté dessus (RSX ou RS:one) et au niveau du pilote. Cela permet aussi de modifier l’angle des straps avant, sachant qu’une position plus proche de l’axe longi. de la planche est assez pratique en foil.
Pour revenir à nos moutons, nous avons cette fois équipé la planche du foil RS:One, qui je rappelle, est identique au foil RS:Flight AL (mis à part l’aile principale en G10 qui est un poil plus large pour la version RS:One). Ce test revêt donc une importance capitale compte tenu du potentiel commercial de ce produit, et de l’attente du marché autour de ce produit à 800€.
Le fameux foil NeilPryde en aluminium me surprend par la largeur de corde du mat. Le talon deep-tuttle est magnifiquement soudé sur la lame du foil, qui va donc jusqu’au fond du boitier. On sent que la recherche de rigidité a dicté toute la conception, et on sait à quel point c'est capital dans le résultat. Les ailes en G10 ont fait l’objet d’un usinage soigné. Le profil assez épais promet une portance importante, et l’envergure modérée devrait limiter les risques de départ à la gîte, qui sont l’un des défauts récurrents sur les fois aluminium lorsqu’ils ne sont pas assez rigides. Le plan stabilisateur utilise comme souvent un profil symétrique pour limiter la trainée, mais une surface assez importante, promettant une bonne stabilité longitudinale. Enfin, en terme d’équilibre, le positionnement de l’aile vs les straps paraît tout à fait cohérente. Enfin, l'assemblage de l'ensemble avec des grosses vis titane respire la solidité.
Le gréement RS:One convertible est composé d’une voile en 7m, développée sur la base de la V8, donc avec 2 cambers et un fourreau étroit. Dans le concept de régate monotype, cette voile sera proposée en 5.6, 6.3, 7, 7.8 pour matcher avec les différentes catégories d’âges et sexe. Le mat est le nouveau SPX65 désormais fabriqué en Italie. L’ensemble est assez léger dans les bras et présage évidemment à la fois une puissance inférieure à la RSX, et une accessibilité bien meilleure.
Assez parlé, passons à l’eau … je le rappelle dans un vent oscillant entre 15 et 25 knt.
Le test
Je suis parti avec beaucoup de précaution, et l’appréhension de sorties de l’eau rapides dans le vent soutenu. Dans ces conditions, je pars au près et le décollage est immédiat. Je gère avec précaution le montée sur le foil en même temps qu’il accélère. Je ne fais pas beaucoup d’effort pour maintenir le foil dans l’eau ce qui est bon signe. Un peu rassuré, je repasse travers et laisse la planche accélérer franchement. Là, je commence à être surpris car le foil reste gérable et ne tente toujours pas de sortir de l’eau. A ce moment là, j’abats franchement et alors que la vitesse devient soutenue (en gros, ça file sévère), je me rends compte que le foil offre une bonne finesse. J’ai bien un foil premier prix sous les pieds ?!!!
Pour ne pas jouer les casse-coups, le premier virement sera un virement de bord …on essayera le jibe plus tard ;)
C’est reparti avec encore une fois, un décollage immédiat et une gestion aisée de la monté. C’est à ce moment là que je me rends compte : depuis le début, je ne fait quasiment aucun effort pour stabiliser le foil. Il est si facile que ça ? On continue le test et je fais le point sur le comportement de ma monture. Le foil NP aluminium est très très stable longitudinalement (moins que le loke, mais équivalent au xtrem foil et zeeko, et devant tous les autres), parfaitement stable en latéral (et là, les candidats sont déjà bien moins nombreux, le seul foil aluminium avec le zeeko que j’ai réussi à mettre en contre gîte), plutôt fin en terme de glisse (moins que le F4, mais plus que les xtrem, fone, loke, etc.) et tellement facile d'accès (pardonne les erreurs de positionnement et les appuis hazardeux).
Le poids est plutôt élevé, et en tout cas bien loin des modèles carbone … mais il faut bien qu’il y ai une différence entre un produit à 800€ et un autre à 2000 ! Evidemment, ce n’est pas la seule différence, mais cet éléments jouera sur la maniabilité pour des pratiquants plus aguéris.
En terme de portance, on a dû attendre la fin d’après midi et moins de vent pour se rendre compte du potentiel dans le light. Là, on est a priori dans la moyenne : il n’ira pas chercher un loke ou un horue dans le très light, mais on est dans une bonne moyenne. En tout cas, un peu au même titre que le Loke, le foil alu NeilPryde m’a permis dès quelques minutes de pratiquement passer un jibe en l’air, preuve encore une fois de l’accessibilité de la bête.
Un dernier petit mot au sujet du gréement RS:One : j’ai été conquis par la légèreté et l’excellente tenue dans le vent. Naviguant régulièrement en foil avec la V8, je n'étais pas surpris. J’avoue que si je ne m’étais pas épuisé au départ avec la 7.8, j’aurai bien navigué jusqu’à la nuit avec l’ensemble RS:One tant l’ensemble est réellement axé plaisir à tous les niveaux !
A tout seigneur ! Test du foil RS:X
Mais c’est pas tout, je ne pouvais pas finir la journée sans mettre les pieds sur la Rolls de nos amis bretons : le foil RS:X
Cette fois, on a à faire à un vrai produit élite full carbone, avec une finition à la F4, un mat ultra rigide, une aile principale à grand allongement version lame de rasoir, et à mon avis un prix qui sera lui aussi élitiste compte tenu des matériaux utilisés (gamme et quantité) et de la fabrication Française (eh oui, ça a un cout, mais qui se plaindra de faire travailler nos compatriotes au détriment des chinois ?).
C’est donc reparti sur l’eau avec notre petit gréement 7m RS:One mais une formule 1 sous les pieds. Sans faire un grand discours, on a là clairement l’un des foils les plus intéressants que j’ai eu l’occasion de tester. En gros un F4 avec plus de stabilité longitudinal, et un peu moins de stabilité latérale. Quelle glisse !!!! Il va vite … très vite ! Pas sous mes pieds, certes, mais Damien m’a bien tourné autour, le bougre.
Comme pour le F4 avec l’aile LW2, le foil RS:X demande un peu de vitesse pour décoller. A ce titre, il faut un peu plus de technique que la moyenne mais une fois parti, la glisse est impressionnante, et l’allonge du même niveau. Côté stabilité, c'est un foil nerveux, et il ne faut pas s'endormir dessus. Il n'a bien entendu rien à voir avec la version aluminium.
Bon, je vous vois venir .. non, il n’est pas du tout fait pour débuter. Mais pour celui qui sait foiler, il y a un vrai client !
Conclusion
Bilan de cette après midi de test : on a bien fait de venir ! Un grand merci à Damien
On a découvert
- Un concept de monotypie basée sur un support convertible intelligemment conçu avec beaucoup de complémentarité entre éléments
- Un foil NeilPryde aluminium juste bluffant, qui tient toutes ses promesses ... voir même plus !
- Un foil RS:X qui monte sans problème sur le podium des modèles existants à ce jour, et peut être même sur la première marche … pour pratiquant averti (attention, il nous reste à tester les AHD AFS-2, TAE et autres Starboard).