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Choix d'une fixation de ski

Choix et conséquences

De nos jours, la plupart des skis sont vendus en "Pack", c'est à dire avec leur propre fixation, proposée ou imposée par le fabriquant des skis. Ces propositions ne doivent pas vous faire oublier qu'il vous est aussi possible d'apporter votre 'grain de sel' la dedans, et que ce choix a de nombreuses implications. Je vous embarque pour en savoir plus sur le rôle des fixations, leur choix, et les écueils à éviter.

Le Rôle de la fixation

On va enfoncer une porte ouverte, mais la fixation est l'interface entre le ski et la chaussure. Son rôle est donc 

  • de vous permettre de conduire le ski avec vos chaussures (déclencher les virages, conduire les virages, moduler votre vitesse, freiner etc.)
  • vous permettre de ressentir (avec vos pieds et vos jambes, au travers de vos chaussures) tout ce qu'il se passe sous vos skis

Bien sûr, vu comme cela, ça vous parait évident, mais je vous invite à poursuivre la lecture car vous pourriez être surpris. Je pense que très peu d'entre vous ne se soucient du modèle de fixations qui équipent vos skis, de leur réglage et de leur état.

Anatomie de la fixation

La fixation est dispositif muni de mâchoires qui se referment sur les deux excroissances de la chaussure (à l'avant et l'arrière). La géométrie de excroissances répondent à une norme ISO afin d'assurer la compatibilité fixation / chaussure d'une marque à l'autre. 

Les mâchoires sont maintenues fermées par des ressorts, dont la poussée est réglable. Ce réglage est disponible à la fois sur la butée (la partie avant de la fixation) et la talonnière (la partie arrière de la fixation), et matérialisé par un curseur gradué la plupart du temps entre des valeurs de 4 à 13.

Certaines fixations sont directement vissées dans le ski, d'autre vissées sur une plaque (elle même vissée sur le ski), et enfin certaines sont glissées sur un rail (lui même vissé sur le ski). Nous verrons plus loin que le mode de montage a une importance considérable.

Réglage de la fixation

Si on reste dans le cas standard de la fixation alpine, il y a essentiellement 2 réglages 

  • la longueur de l'entraxe entre butée et talonnière ... qui doit correspondre à la longueur de la chaussure. Pour être précis, on choisit de régler un peu plus court de quelques mm afin de mettre sous tension le ressort de poussée, dont le rôle et d'assurer un maintient sécurisant malgré les flexions et torsion du ski (ben oui, vitre ski n'est pas une poutre infiniment rigide). 
  • la tension des ressorts qui ferment les mâchoires de la fixation. De façon très grossière, on a l'habitude d'opter pour un réglage proche de votre poids divisé par 10 (soit 8 pour un skieur de 80kg). Si on veut être précis, ce réglage doit dépendre en réalité de votre poids, de votre pointure, de votre niveau technique, de l'état de la neige etc. Il existe des applications dédiées à ce calcul, mais retenez 3 points. Même réglée au minium, une fixation ne déchaussera jamais à l'arrêt : il lui faut un choc (d'où le nombre important de rupture de LCA sur des chutes à l'arrêt). Une fixation trop serrée ne déchaussera pas en cas de choc et ne libèrera donc pas votre pied dans la chute. Avec une fixation trop lâche au regard des appuis que vous générez sur les skis, vous risquer de perdre le ski exterieur (le plus important), de vous retrouver sur le ski intérieur au virage, provoquant une chute très dangereuse pour les genoux. Il y a donc un vrai compromis à trouver, en fonction de votre niveau technique et votre façon de skier. Pour situer, entre un débutant de 80kg, et un compétiteur de 80kg, on peut aller de 6DIN à 20DIN.

Skis de piste

Pour les skis de piste, le choix est en général très restreint car les skis sont souvent montés en usine avec un rail  ou une plaque qui supporte la fixation, et il n'y a en général que peu de fixations différentes compatibles avec un modèle de rail donné. Quand il y a un choix possible, ce sera en général sur la plage DIN d'étendue des duretés de ressort possible (on vous parle alors de 6-10 ou 4-12 ou 6-14) ... sachant qu'il est conseillé de ne jamais être en butée du réglage de ressort 

Skis de freeride

Les skis de freeride n'intègrent en général pas de plaque de réausse, ni de rails, et permettent donc en général un choix assez libre des fixations.

La plupart du temps (mais pas tout le temps heureusement), pour rester attractif en prix, les packs proposés sur ces skis mettent en oeuvre des fixations assez basiques. Il est très important de mesurer l'importance de la fixation dans le cas d'un ski de freeride. Ces skis étants très larges (et de plus en plus), il y a de très important phénomènes de torsion de la fixation dûs au déport entre l'axe de la chaussure et la carre du ski. Sur les skis larges, on favorisera donc les fixations offrant une embase large pour faire corps au maximum avec le noyau du ski. Il faudra aussi veiller à utiliser des fixations proposant un montage en 4 points (4 vis) sur la butée avant et non 3 points .... toujours pour limiter la torsion.

Rails ou plaques

Comme on l'a évoqué ci dessus, les fixations des skis de piste sont souvent montées sur un rail ou des plaques. Faisons le point sur l'utilité de ce type d'interface.

Les rails permettent un réglage rapide de l'entraxe butée - talonnière sans outil. Ce type de montage se généralise car il permet de répondre aux exigences conjointe des acteurs de la location de ski (qui doivent régler des 100aines de paires dans la journée), et des commerçants qui doivent optimiser le temps nécessaire à réaliser une vente. L'adoption de rails et fixations en matière plastique a aussi permis de réduire drastiquement le poids des skis. Comme vous pouvez l'imaginer, tout ceci est avant tout lié à des critères économiques mais nous verrons plus loin que cela peut avoir des conséquences techniques assez désastreuses.


Les plaques ont une triple fonction : 1) réhausser la fixation pour augmenter la puissance de l'appui sur la carre 2) libérer le ski en flexion 3) transmettre sans déperdition les appuis de la chaussure. Les plaques sont montées par vissage dans le ski, et les fixations sont également vissées dans la plaque. Le réglage de l'entraxe nécessite souvent le dévissage complet de 16 vis.


Pourquoi les plaques ?

La notion de libération de la flexion (système dit full-flex) mérite une petite explication : si vous avez eu l'occasion de parcourir notre blog, je suppose que vous savez tout du virage coupé. Sinon, je vous invite à découvrir la raison de l'existence des skis paraboliques dans notre article : Le carving ou virage coupé . Un ski parabolique tourne grâce à sa flexion, que l'on souhaite la plus homogène possible pour garantir une conduite de courbe précise et régulière.



Lorsque le ski est soumis à une flexion, la fibre neutre étant située au centre du noyau, on a un géométriquement rapprochement des mâchoires de la fixation. La chaussure de ski ne pouvant se comprimer lors la flexion, un montage direct provoque un blocage du centre de ski en flexion. 

Le montage d'une plaque full-flex permet d'introduire un coulissement contrôlé de la talonnière pour rendre la liberté de flexion au ski. Ce dernier va pouvoir adopter une courbe régulière. En terme de sensation de ski, cela se traduit par une conduite de courbe plus homogène, une mise en virage plus rapide et plus facile, et une dynamique supérieure. 

La mise en oeuvre d'un système full-flex sur un ski de piste est de nature à transformer littéralement son comportement, et plus généralement, en changeant le combo plaque + fixation, il est tout à fait possible de ne plus reconnaître du tout le ski.  

La limite des fixations sur rail !

Comme on l'a vu plus haut, les fixations montées sur rail présentent un vrai avantage économique pour les loueurs ou les magasins qui doivent assumer du volume sans main d'oeuvre adaptée. Par contre, il est indispensable de réaliser que ce type de montage a une énorme influence sur la transmission des efforts chaussure > ski et ski > chaussure.  En effet, ce  type de montage induit des jeux de fonctionnement importants et des torsions liées au manque de rigidité des assemblages en plastique. Cela perturbe à la fois la quantité d'effort transmis et sa rapidité. E visionnant la vidéo ci-dessous, vous réaliserez de quoi on parle. Je précise que cette video montre deux exemple : le premier avec un ski haut de gamme récent qui a moins d'une saison, et le deuxième sur un ski milieu de gamme qui a 5 saisons.


Je ne suis pas particulièrement choqué de constater ceci sur un ski de location ou un ski milieu de gamme, car on s'adresse à des pratiquants peu techniques et peu exigeants qui s'attachent plus au plaisir d'être à la montagne qu'aux sensations ressenties sur les skis. La déperdition de la qualité de conduite du ski passe donc en second plan à côté du poids et du temps gagné à la location.

Par contre, je suis assez sidéré que l'on puisse accepter ceci sur les skis haut de gamme, car il est totalement incohérent de vendre une technicité de noyau ou de fixation avec un tel tendon d'Achille entre les deux. On perd clairement plus de 50% de l'intérêt de cette technicité à cause d'une interface déficiente. Heureusement, certains systèmes de réglages rapides sont un peu moins déficients, mais jamais aussi efficace qu'un système vissé. 

Le plus inquiétant est l'invasion de ce type de solution sur le marché du ski de piste. Si il y a 10 ans, la fixation à réglage rapide représentait 40% du marché de la piste, le proportion monte aujourd'hui à plus de 90% ... au point qu'il devient même difficile d'y échapper sans avoir une connaissance pointue des gammes.  Par ailleurs, les options de montage "classique" vissé sur plaque ne sont plus disponible QUE sur les modèles les plus haut de gamme, à des tarifs compris entre 1100 et 1300eur ... autant dire qu'à l'exception de quelques clients passionnés, et quelques magasins pointus, ce sont des modèles qui ne risquent pas d'inonder le marché. Je me permets juste d'avouer que TOUTES mes paires de ski perso sont issus de ces gammes, et que vous ne me verrez jamais skier avec des fixations montés sur rail à réglage rapide (et je suis loin d'être le seul).

in Ski
Salomon BBR 2011